Veille de l’Assomption de la Vierge Marie, notre petite sœur Marie-Ange, entrée chez les petites sœurs disciples de l’Agneau il y a 33 ans le 22 Août 1987 est retournée à « son Jésus qu’elle aimait tant » le 14 Août 2020.
Petit mot de Mère Line à sa petite sœur Marie-Ange
Chère petite sœur Marie-Ange, tu me disais souvent “Il faut mieux rire que pleurer”, et je vais essayer de le faire aujourd’hui. Tu avais toujours le sourire et beaucoup d’humour. On nous a dit que c’était souvent les marques des saints.
Petite sœur Marie-Ange, tu vas nous manquer. Toutes les petites sœurs sont sûres que le Ciel est pour toi.
Depuis 4 ans beaucoup de choses n’étais pas facile pour toi avec ton oxygène qui te suivait partout, le Ciel tu l’as bien méritée: tu as toujours accepté ta fragilité avec le sourire, jamais tu ne te plaignais, le seul mot que tu disais quelque fois est “je n’en peux plus” et le soir quand tu te couchais tu disais: “qu’on est bien dans son lit”.
Le Ciel est tout à toi dans les bras de Jésus maintenant.
Tu es partie la veille de l’Assomption et la Vierge Marie et ses anges t’ont conduit à Jésus: petite sœur Marie-Ange, nous comprenons maintenant que tes parents ai choisi pour toi ce beau prénom: puisque tu avais avec toi la Vierge Marie et les anges qui chaque jour était là pour t’aider.
Combien de fois je rentrais dans ta chambre tu lisais ton Évangile et tu l’écrivais et tu savais nous redire les belles paroles que tu recevais dans ton cœur tu nous les redonnais comme un bouquet de fleurs et qui pour nous nous réconfortez.
Tu nous as montré le chemin de Ciel par ta petitesse, ton humilité, ta grande simplicité et ton amour pour Jésus.
Tu savais nous dire « Il m’a choisi… et tu rajoutais en montrant toujours ton doigt pour l’Éternité ! »
Par tout ce que tu as offert, sans jamais te plaindre, nous sommes sûrs que le Ciel est pour toi aujourd’hui petite sœur Marie-Ange et que tu intercéderas pour nous.
Tu as tant prié pour demander des petites sœurs valides, je suis sûre que Jésus T’exaucera.
Obsèques de Sœur Marie-Ange de la communauté des Petites Sœurs, Disciples de l’Agneau
Homélie du Très Révérend Père Dom Jean Pateau,
Abbé de Notre-Dame de Fontgombault,
(Le Blanc, le 17 août 2020)
(Ap 21, 1-5a.6b-7 ; 1 Jean 3, 1-2 ; Mt 11, 25-30)
Vendredi dernier, avant que les cloches n’annoncent l’Assomption de Marie, portée par les anges au Ciel, l’âme de Petite Sœur Marie-Ange a répondu à l’appel de son Seigneur. Elle a pris le chemin du Ciel pour le dernier des voyages, le voyage vers Jésus.
Elle le voulait depuis longtemps. Déjà lorsqu’on lui avait annoncé le départ pour le Ciel de Petite Sœur Rose-Claire, elle avait répondu : « Moi aussi j’ai le désir », et ce avec une grande joie et une paix profonde.
Elle est enfin exaucée. Comment ne pas voir un signe délicat du Seigneur dans le choix de ce jour, alors que le nom de notre Sœur comporte à la fois et le nom de Marie et la mention des anges ?
Pour les Petites Sœurs, pour nous tous, la mort est une séparation. Rappelons une parole d’une autre Petite Sœur dans les mêmes circonstances : « Il faut tenir bon, nous avons la foi. » Oui, c’est bien avec les yeux de la foi que l’homme doit comprendre la mort. Alors, elle n’est plus seulement une séparation, elle devient une porte qu’il nous faut franchir et qui ouvre sur une nouvelle naissance, sur une renaissance.
Cette foi nous apprend aussi que nous sommes tous enfants de Dieu par l’immense amour dont le Père nous a aimés depuis le commencement des temps. Elle nous apprend que cet amour est sans repentance, qu’il nous accompagne jusqu’au terme du chemin, au moment où nous verrons Dieu tel qu’il est.
Ce grand mystère, le monde ne veut pas le connaître. Il refuse de lever les yeux pour l’apercevoir se préparer dans les êtres les plus faibles. Les paroles du professeur Jérôme Lejeune l’accusent : « La qualité d’une civilisation se mesure au respect qu’elle porte aux plus faibles de ses membres. »
Dieu, quant à lui, se moque des forts. À ses yeux, leur puissance n’est que faiblesse, triomphe passager qui voile une tragique misère. Dieu se plaît à révéler ses secrets non aux sages et aux savants, mais aux tout-petits.
Tel fut le cas de Sœur Marie-Ange. Peu avant ses 20 ans, elle est entrée dans un embryon de communauté le 22 août 1987 pour la fête de Marie Reine, il y a 33 ans. Après que la petite communauté ait grandi et ait passé les étapes des discernements de l’Église, elle a fait profession perpétuelle le 20 juin 2009 en la fête du Cœur Immaculé de Marie.
La simplicité est la grâce des petits. Ils savent comme par instinct où trouver leur Seigneur. Petite Sœur Marie-Ange aimait beaucoup lire l’Évangile, et quand elle avait une parole, une phrase qui la frappait, elle était remplie de bonheur ou de joie. Elle avait percé un nouveau secret. L’humour ne manquait pas aussi. Lorsqu’elle rencontrait à l’office, le verset : « Si je tombe tu me relèves… », elle le montrait à Mère Line du bout de son doigt en disant tout bas : « ça, c’est bien pour moi ! », et toujours en souriant. Ce sourire, qui est le reflet de l’âme, de Dieu dans l’âme, Marie-Ange l’a porté dès son plus jeune âge pour la joie de sa famille. Dieu aime jouer avec l’homme. L’homme est heureux quand il joue devant Dieu.
Si Dieu répand la joie dans le cœur de ses amis, il sait aussi les inviter à la peine. Sœur Marie-Ange a porté avec courage les dernières années de sa vie. Disciple de l’Agneau, elle a suivi son Seigneur dans la souffrance, portant son joug et trouvant en lui le repos de son âme. Ce repos, elle l’a bien des fois manifesté à ses sœurs encore par de bons mots. Après une bonne journée, elle pouvait se coucher en disant : « Ah… qu’on est bien dans son lit » !
La maladie, la faiblesse, la lourdeur du corps n’invitent pas forcément à regarder avec reconnaissance et bonté ceux qui vous soignent. Pourtant, l’humour de Sœur Marie-Ange demeurait au beau fixe. Lorsque Mère Line et Petite Sœur Florence avaient besoin de l’aider pour la relever dans son lit elle les prenait par les épaules en leur disant : « Mes deux bons larrons ! » Elles répondaient : « Alors toi, tu es Jésus. » Sœur Marie-Ange rétorquait : « Oh, quand même pas ! » Les Sœurs lui disaient : « Tu lui ressembles quand même un peu. » Elle interrogeait alors : « Vous croyez ? » avec un sourire rayonnant.
En tout cela, Petite Sœur Marie-Ange et la communauté des Petites Sœurs Disciples de l’Agneau nous donnent une leçon. Les plus petits, les faibles, ceux que le monde ne considère pas, courent plus rapidement que nous à la suite de Jésus. C’est peut-être pour cela que notre monde si dispersé ne les voit plus… ils sont trop loin… ils vont trop vite.
Quelques heures après Sœur Marie-Ange, le Père Abbé Antoine a pris lui aussi le chemin du Ciel. Il a joué un rôle important dans l’installation de votre communauté au Blanc, et dans la construction de cette chapelle. Le Père Abbé Antoine a su le départ au Ciel de Sœur Marie-Ange, je lui en ai parlé vendredi soir. J’ai peur que cela lui ait donné l’idée de demander la même grâce à Marie. Elle l’a exaucé en préparant ainsi non pas une seule fleur, mais un beau bouquet pour son Fils.
Les paroles de l’apocalypse se réalisent devant nous. Ce Ciel nouveau, cette terre nouvelle, cette ville sainte, cette Jérusalem nouvelle, nous la voyons en construction dans les âmes des petits et des saints. Portons dans notre prière au cours de cette Messe, Sr Marie-Ange et aussi le Père Abbé Antoine de sorte que cette œuvre trouve son accomplissement, si ce n’est déjà fait, afin qu’ils entrent au plus vite dans la gloire éternelle.
Entre le Père Abbé Antoine et Petite Sœur Marie-Ange, que de différences aux yeux des hommes… et que de ressemblances aux yeux de Dieu ! Leurs vies toutes données montrent que Dieu veut établir sa demeure dans le cœur des hommes, jusqu’au-delà des portes de la mort. Comment ne pas rappeler les mots du Pape François : « Nous n’emporterons avec nous que ce que nous avons donné. »
Mot des frères et soeurs pour les obsèques de Soeur Marie-Ange
Tout doucement, sans bruit, en cette veille de 15 Août, notre petite sœur Marie Ange a rejoint le Ciel.
Benjamine et 7e enfant de notre famille, elle est notre petite sœur chérie.
Née en 1967 quelques mois après la mort à 29 ans d’une chère cousine chartreuse, nos parents choisissaient de lui donner son nom de religieuse et sans doute de la confier plus particulièrement à sa douce protection : Marie Ange. Ils ne savaient pas combien ce prénom lui irait bien.
Quand, très vite après sa naissance, nos parents apprirent son originalité et combien elle aurait besoin de leur attention, ils gardèrent ce trésor dans leur coeur quelques temps, le temps de l’offrir, le temps d’être désemparés et de souffrir aussi, le temps surtout de nous laisser l’aimer et la connaitre elle-même.
Ils nous dirent petit à petit qu’elle saurait mieux que tous garder la beauté d’un coeur d’enfant, qu’elle saurait aimer encore mieux que nous.
Notre enfance fut bercée de la joie de ses progrès, par l’attention de nos parents pour la faire grandir, pour la guider en lui apportant tout ce qui pouvait l’aider, en nous associant à ce chemin, parfois ardu à une époque où rien n’était prévu, mais sans jamais que notre famille ne perde son naturel ni que Marie Ange ne soit assimilée à sa différence.
Joyeuse, aimante, espiègle, profonde, généreuse, drôle et tendre, d’une grande intelligence du cœur, si jolie et souriante, elle a su prendre parmi nous toute sa place.
Elle a éclairé notre famille d’une lumière particulière faite de simplicité, de vérité, de générosité, de profondeur, de courage, d’attention aux plus faibles… d’humour et d’inattendu. Comme une pierre d’angle, une pierre que nos parents n’avaient pas rejetée mais qui au contraire a solidifié notre famille, elle a façonné à sa manière notre chemin à chacun.
Elle a marqué de son sourire et de sa tendresse joyeuse et communicative le cœur de tant de visiteurs, de rencontres, de proches qui en témoignent nombreux !
Nos extraordinaires parents qui l’ont tant aimée ont cultivé dès le commencement son sens de la tendresse et de l’amour en l’orientant vers Jésus.
Maman eut à cœur de lui apporter une vraie connaissance des choses de la Foi et la joie des sacrements, en un temps où même de pieuses personnes prétendaient que ce n’était pas nécessaire, que ces enfants n’étaient pas vraiment capables de connaitre Dieu ni de le suivre.
A l’école de la petite Thérèse, elle apprit à se tenir en sa présence, à le « choisir ».
Depuis ses 20 ans, « petite sœur disciple de l’Agneau » elle épanouissait sa vie de Foi, de Joie, d’amour fraternel, de don.
Elle a très tôt cherché à entendre le Seigneur lui parler et elle témoignait magnifiquement de ce que « Jésus parle dans mon cœur ».
Sa rencontre avec la communauté naissante fut la grande joie de sa vie. Elle eut le désir de rejoindre la communauté dont sœur Véronique lui avait parlé dès sa première rencontre avec Sœur Line et Sœur Chantal. Il fallut attendre la joie de l’appel : « parle Jésus, Marie Ange écoute », et sa confirmation dans la vie.
Ainsi, telle une jeune épousée, elle se transforma et tout ce qu’elle avait appris laborieusement depuis son enfance s’épanouit soudainement : son écriture pour copier l’évangile, le vélo pour faire plaisir à ses sœurs, sa serviabilité pour servir. La beauté, le soin, l’application occupaient ses journées… par amour de Jésus.
Elle fut ici heureuse, épanouie, approfondie, enracinée dans la joie et la tendresse de Dieu.
Les sœurs de la communauté l’ont aimée, choyée et accompagnée avec une ineffable tendresse et attention.
Son cœur fragile depuis toujours, qui a tant aimé, s’est arrêté tout doucement vendredi, mais dans les moments qui ont précédé elle murmurait encore à ses sœurs : « je vous aime ! »
Sa place et sa voie furent petites en apparence ; nous sommes sûrs qu’au ciel elle sera lumineuse. Comme Thérèse, elle passera son ciel à faire le bien.
Tous ensemble nous sommes dans une immense reconnaissance pour tous ceux qui l’ont aimée, soignée, accompagnée. Nous voulons nommer plus particulièrement :
• Monique de Froberville sa marraine ici présente et notre frère Loys son parrain, prêtre, en mission au Japon
• Jeanne Bour, son orthophoniste, qui lui apprenait aussi à parler à Jésus
• La Glanée, son école de 12 à 20 ans où elle rencontra soeur Véronique
• Le Père Henri Bissonnier, qui stimulait la vie spirituelle dans cette école
• Le professeur J. Lejeune, la professeur Rhétoré, la fondation Lejeune
• Le docteur Naulet, son docteur qui la suivait depuis son entrée à la communauté
• Tous les prêtres, les religieux, guides, cheftaines et jeunes qui se sont
occupés d’elle
• L’abbaye de Fontgombault qui depuis tant d’années accompagne la
communauté
• Les proches de la communauté, la paroisse du Blanc et ses habitants.
• Et bien sûr ses chères petites sœurs : sœur Chantal et Sœur Rose Claire qui sont déjà au ciel, Véronique, Géraldine, Emmanuelle, sa cousine Camille, Anne, Anne-Sophie et Morgane, sœur Florence et bien sûr Mère Line : « ma mère » disait-elle joyeusement, qui lui a tenu la main avec Sœur Florence jusqu’aux derniers instants, la guidant vers le ciel.
Nous voulons surtout remercier Jésus, qui nous a donné, confié une telle petite soeur. Nous nous confions aujourd’hui à elle.